Est-ce que le CBD est légal en Algérie

L’Algérie maintient une position stricte concernant tous les produits dérivés du cannabis, y compris le CBD. Cette réglementation sévère s’inscrit dans une politique de prohibition totale qui ne distingue pas entre les différents cannabinoïdes, contrairement à de nombreux pays qui ont assoupli leur législation concernant le CBD.

La loi n°04-18 du 13 Dhou El Kaada 1425 (25 décembre 2004) et son décret d’application n°07-228 du 15 Rajab 1428 (30 juillet 2007) interdisent formellement la culture, le commerce et la possession de cannabis et de tous ses produits dérivés en Algérie. Cette législation englobe explicitement le CBD, considéré comme un stupéfiant au même titre que le THC.

Contrairement à l’évolution législative observée dans de nombreux pays européens, l’Algérie n’effectue aucune distinction entre les différents cannabinoïdes. Le CBD, bien qu’il ne possède pas d’effets psychoactifs, reste classé dans la même catégorie que les substances psychotropes traditionnelles.

Les seules exceptions prévues par la loi

La réglementation algérienne prévoit uniquement des exceptions pour un usage médical et scientifique, mais ces dérogations restent soumises à une autorisation expresse du Ministre de la Santé. Ces autorisations demeurent extrêmement rares et encadrées par des protocoles stricts.

Position officielle de l’Algérie sur le cannabis médical

En 2021, l’Algérie a clarifié sa position lors du vote contre les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé relatives au cannabis médical. L’ambassadrice d’Algérie aux Nations unies a déclaré que « la suppression du cannabis et la résine de cannabis du Tableau IV de la Convention de 1961, comportant les substances les plus dangereuses sur la santé publique, n’était ni nécessaire ni scientifiquement prouvée, ni surtout politiquement correcte ».

Cette déclaration confirme l’approche restrictive du pays concernant tous les produits cannabinoïdes, reflétant une volonté politique de maintenir une prohibition complète.

Implications pour les voyageurs

Les personnes souhaitant se rendre en Algérie avec des produits CBD doivent être particulièrement vigilantes. Même les produits légaux dans leur pays d’origine deviennent illégaux dès leur entrée sur le territoire algérien. Cette situation contraste fortement avec les pays du Maghreb voisins comme le Maroc, où le CBD bénéficie d’une légalisation récente.

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Contexte historique du cannabis en Algérie

Le cannabis aurait été introduit en Algérie par les Arabes entre le IXe et XIIe siècle. Durant la période coloniale française, l’usage du cannabis algérien a même influencé la France métropolitaine après l’invasion de 1830. Le Dr Jacques Joseph Moreau avait observé les effets du cannabis en Algérie sous forme d’un comestible appelé dawamesk, qu’il présenta ensuite au Club des Hashischins à Paris.

L’interdiction remonte à la période coloniale avec le décret du 9 février 1917, renforcé par la législation de 1932 qui interdisait « toutes opérations industrielles et commerciales relatives aux stupéfiants » sauf autorisations spéciales.

Différences avec la réglementation européenne

Alors que la plupart des pays européens autorisent le CBD avec un taux de THC inférieur à 0,3%, l’Algérie maintient une prohibition absolue. Cette dichotomie créé une situation complexe pour les voyageurs habitués à la libéralisation progressive du CBD dans leurs pays d’origine.

Sanctions et risques encourus

La possession, même de petites quantités de CBD, expose à des sanctions pénales en Algérie. Les autorités ne font aucune distinction entre les différents dérivés du cannabis, appliquant les mêmes poursuites judiciaires indépendamment de la substance concernée.

Les contrôles douaniers sont particulièrement vigilants concernant ces produits, et les explications sur les différences entre CBD et THC ne constituent pas une défense recevable devant la justice algérienne.

Recommandations pour éviter les problèmes légaux

Il est vivement conseillé d’éviter tout transport de produits CBD vers l’Algérie. Les huiles, fleurs, cosmétiques ou compléments alimentaires contenant du cannabidiol doivent être systématiquement laissés dans le pays de départ. Cette précaution permet d’éviter des complications judiciaires qui pourraient avoir des conséquences majeures.

Perspectives d’évolution de la législation

Actuellement, aucun signe ne laisse présager d’assouplissement de la réglementation algérienne concernant le CBD. La position ferme exprimée lors des débats internationaux suggère une volonté politique de maintenir le statu quo législatif.

Contrairement aux tendances observées dans d’autres pays maghrébins ou africains, l’Algérie semble privilégier une approche conservatrice face aux évolutions scientifiques et thérapeutiques liées aux cannabinoïdes non-psychoactifs.

En conclusion, le CBD demeure strictement illégal en Algérie sans aucune tolérance. Cette prohibition s’inscrit dans une politique globale de lutte contre les stupéfiants qui ne distingue pas les propriétés spécifiques de chaque cannabinoïde. Les voyageurs doivent impérativement respecter cette réglementation pour éviter des poursuites judiciaires graves.